Sékou Bembeya Diabaté « Je Vais Tout Faire Pour ne Pas Que le Bembeya Meurt au Temps Que Je Vis ».

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Dans un entretien exclusif accordé à la rédaction de Guinée Culture Magazine, le célèbre guitariste guinéen, Sékou Bembeya Diabaté évoque à cœur ouvert le groupe Bembeya Jazz qu’il continue de diriger avec les jeunes afin de pérenniser ce patrimoine culturel de notre pays.

Malgré le poids de l’âge 76 ans, Diamant finguers continue de résister pour éviter le déclin de ce symbole national. C’est pourquoi il s’est investi d’une mission noble de transmettre son savoir à la nouvelle génération avec laquelle il fait des répétitions à la Paillote, située sous le Pont 8 novembre.  Même si le groupe est affaibli par le manque d’instruments et de matériels, le chef d’orchestre assure qu’il a beaucoup de projets pour le groupe dont celui de faire un album et une grande tournée en Guinée et à l’Etranger.

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Avant de parler du groupe Bembeya parlez-nous de vous et des amis ?

Personnellement, je me porte bien et en tant que chef d’orchestre du Bembeya,  je m’occupe du groupe et je fais des répétitions pratiquement tous les jours avec les jeunes ici à la Paillote. En ce qui concerne les membres fondateurs beaucoup sont décédés, il ne reste plus que moi, le Gros qui ne joue plus, et Salifou qui est malade depuis plusieurs années.

Quelles sont les nouvelles actuelles du mythique groupe Bembeya ?

Grâce à Dieu et à mon patriotisme, le groupe est en forme musicalement. Le groupe continue de jouer, on participe à des invitations. Quand on a besoin de nous, on répond et les gens sont très satisfaits mais on ne joue pas régulièrement dans un coin, ça dépend  de l’endroit où on est convié.

Bembeya Jazz, est le seul orchestre national qui existe et fonctionne parmi les 4 formations nationales, parce que j’ai tout fait pour ne pas que le Bembeya meurt au temps que je vis.

Ne pensez-vous pas que ce groupe qui a connu de belles années de gloire est aujourd’hui lâché par l’Etat ou même par vos mélomanes ?

Nous disons qu’on remercie beaucoup l’Etat, depuis l’arrivée d’Alpha Condé qui nous a honorés. Premièrement il a décoré tous les membres de l’orchestre jeunes comme anciens et deuxièmement, on a bénéficié des primes accordées aux anciennes gloires. Ce geste, nous a beaucoup touchés, c’est quelque chose de très positive. D’ailleurs c’est grâce au président que cela est devenu une réalité, sinon ça faisait plus de 10 ans que ce projet-là traine.

Recevez-vous régulièrement vos primes ?

Oui je le reçois mais ce n’est pas le cas de tous les membres de l’orchestre notamment ceux qui sont décédés. Nous voulons que les familles de nos amis disparus puissent bénéficier de ces primes. On se bat pour ça.

.Au-delà de ces primes que fait l’Etat pour sauver ce groupe ? Bénéficiez-vous d’une quelconque aide des autorités ?

Au -delà de ses primes et ces honneurs offerts par le président de la République, l’Etat n’a rien fait pour le groupe. Actuellement nous avons besoin de matériel et de moyens financiers. On a peu d’instruments de musique. Certains matériels sont gâtés suite aux coupures intempestives du courant qu’on subissait ici. Cela a gâté nos amplis. Je lance un appel  aux autorités et à toutes les personnes de bonne volonté pour nous aider à trouver les moyens.

Pouvez-vous nous rappeler de ce que représentait ce patrimoine musical pour la Guinée et pour l’Afrique ?

Bembeya a été le plus grand orchestre reconnu en Afrique. Par exemple, lors de la célébration des 50 ans de l’OUA, il y a eu 4 décorations, tout à l’honneur de la Guinée.

Premièrement, le chef de l’Etat guinéen, Sékou Touré a été sacré meilleur président des pays africains indépendants, deuxièmement le Secrétaire général de l’OUA, Diallo Telli a été honoré, troisièmement la première femme africaine qui a siégée à l’ONU, Jeanne Martine Cissé et sur le plan culturel, c’est le groupe Bembeya Jazz qui a été décoré. Mais malheureusement cette décoration symbolique du groupe n’a pas été célébrée en Guinée jusqu’à présent.

Quels sont les beaux souvenirs que vous gardez encore de ces belles époques du Bembeya Jazz?

J’ai beaucoup de souvenirs, je peux citer notamment notre séjour à Bamako en 1972, il y a le Burkina Faso, Abidjan et le Nigeria, il a n’y a pas mal de pays où on a laissé un très bon souvenir.

Bembeya Jazz était un exemple parce que le groupe donnait de la bonne musique qui faisait bouger tout le monde. Surtout on avait un chanteur comme Demba Camara Paix à son âme, il a apporté quelque chose qui n’existe pas encore, de l’ambiance sur la scène et cela nous a aidés à triompher. Dans les grands festivals on a jamais baissé la tête, puisque souvent on était premier ou parmi les tout meilleurs de l’événement auquel nous participions.

Avez-vous certainement des initiatives pour une relève dynamique de cet orchestre légendaire ?

En Afrique le Bembeya Jazz est le seul orchestre qui continue à jouer puisque les autres ne fonctionnent plus. Pour la relève, j’ai trouvé un jeune qui peut me remplacer, aujourd’hui je peux m’asseoir et regarder les jeunes jouer le répertoire du Bembeya et ils le font correctement. Alors maintenant Bembeya peut jouer sans Sékou.

J’ai un projet d’albums avec le groupe mais il faut avoir les moyens de faire la promotion de nos albums à travers des tournées en Guinée et à l’étranger. Je profite de votre micro pour lancer une nouvelle fois un appel au président de la République, Alpha Condé et aux hommes d’affaires pour nous aider.

Propos recueillis par Ibrahima Bah pour GCM.Com

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